Pigeon Volant
ou
l‘Afrique vue d’un vélo.
Entre mai 1974 et avril 1976, Jean François Berniès s’en est allé découvrir l’Afrique à vélo .Un vélo lourd, sans changement de vitesse , et 25 kilos de paquetage.
Il a raconté son périple dans ce bouquin, à sa manière. Celle d’un cyclo sacochard, philosophe-historien et écrivain humaniste . Son double objectif touristique et humain: rouler sur les chemins de traverse, rencontrer les Africains villageois.
Elles paraissent si lointaines ces années 70 et pourtant… ce récit à vélo facilite la compréhension des réussites ou difficultés d’évolution de l ‘Afrique d’aujourd’hui.
Jean François raconte ses multiples soirées-confidences chez l‘habitant de toute couleur dans les 30 pays traversés. Loin des villes et de leurs populations segmentées selon la couleur de leur peau, le portefeuille ou les deux.
Son arrivée en vélo dans les villages suscite le plus souvent curiosité et bienveillance. Le cyclo trouve refuge chez des familles ,chez des instituteurs ou des responsables de missions confessionnelles ou sanitaires. Parlant les langues des anciens pays colonisateurs et connaissant un peu l ‘arabe, il sait, lors des repas partagés, échanger humainement avec ses hôtes si hospitaliers.
Il gagne temporairement leur confiance, recueille des avis sincères sur leur vie quotidienne, leurs joies, leurs rêves, leur misère, leur envie de migrer ou de rester au village, leur détresse ,tous sentiments inexprimables le plus souvent devant les hautes autorités politiques, policières, militaires .
On le comprend aussi lors de ses passages de frontières et de demandes de visa. Il y connaîtra de bons moments mais aussi d’autres violents ..
On apprend les conflits ethniques, claniques, politiques, raciaux, les contrebandes de tout niveau, la corruption sans limite, les abus de pouvoir de militaires de tout grade. C ‘est une vision, la sienne, loin des élites recroquevillées entre elles…
On prend conscience de la dictature ougandaise d’Amin Dada, de l’apartheid d’Afrique du Sud, des guerres et haines tribales entre Tutsis et Hutus concernant le Ruanda et le Burundi, de la terreur en Erytrée, de Djibouti la coloniale …
Quel homme aussi, que ce cyclo ! Intrépide, Humain, Observateur,Débrouillard, Lucide, Censé, Confiant mais pas Dupe pour autant …J ‘aime sa qualité d’écriture , son érudition historique,ses descriptions de paysages, la longue préparation documentée de ce périple de près de deux ans .
Merci à François G, cyclo du CRA à la bibliothèque bien achalandée ,de m ‘avoir fait connaître et partager les émotions de Pigeon Volant et cette approche cyclo-humaine d’une Afrique déjà ancienne aidant à aimer et comprendre celle d’aujourd’hui.
Michel DOUMERC
21janvier 2023